Les vins biologiques passés au crible
Plan de l'article
Commençons par un peu d’histoire !
L’agriculture intensive s’est beaucoup développée en France à la sortie de la 2ème guerre mondiale afin de compenser la pénurie alimentaire qui l’avait frappée à cette époque. L’agriculture biologique est, quant à elle, née dans les années 60, à l’apogée de l’agriculture intensive. Effectivement, c’est en 1962 que l’AFAB (Association Française pour l’agriculture biologique) a été créée. Il faut cependant attendre les années 80 pour voir paraître en France les premiers décrets et lois pour la création de cahiers de charges et 1991 pour obtenir une reconnaissance officielle de la part de la Communauté européenne. Quant aux vins biologiques, leur reconnaissance officielle n’arrivera que beaucoup plus tard, en 2012.
Vins biologiques, biodynamiques ou naturels, y a-t-il une différence ?
Les termes vin bio, vin biodynamique ou vin naturel sont utilisés à tort et à travers pour représenter ces vins entre eux, alors qu’ils exhibent des différences uniques. Afin de ne plus les confondre, voici une présentation sommaire de chacun :
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Les vins biologiques
Avant 2012, les vins biologiques ne prenaient en compte que la viticulture en laissant de côté la vinification. C’est seulement depuis 2012 qu’ils bénéficient d’un cahier de charges au niveau européen garantissant que :
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- Les vignes ne sont nullement traitées par des produits chimiques, pesticides, herbicides ou désherbants.
- La fertilisation ne peut avoir lieu qu’avec des produits naturels autorisés.
- La vinification dans les chais peut se dérouler avec l’ajout de produits œnologiques certifiés bio.
- Les doses maximales de soufre autorisées pour les vins bio vont de 100 à 370 mg/litre.
Les vins biodynamiques
La méthode de viticulture biodynamique est une étape au-dessus et plus naturelle par rapport à la viticulture biologique. Ses principes fondamentaux sont :
- L’intensification de la vie du sol et des vignes à l’aide de préparations à base de matières végétales, animales et minérales.
- L’emploi de préparations à des moments précis en fonction des cycles de végétation de la vigne et du calendrier lunaire et planétaire.
- Le travail du sol par des labours et des griffonnages.
- La limitation de produits ajoutés pendant la vinification (un maximum de 90 mg/litre de sulfite peut être additionné).
- La production de vin biodynamique est régit par deux certifications : Demeter et Biodyvin.
Les vins naturels
Le vin naturel ou vin nature provient d’un choix philosophique visant à retrouver l’expression naturelle de son terroir. Il est produit avec des raisins originaires de la viticulture biologique ou biodynamique et n’autorise presque aucun intrant à l’exception, si besoin, de sulfites en très faible quantité. Toute technique pouvant altérer la vie bactérienne du vin sont interdites. Ainsi, seules les vendanges manuelles sont autorisées. Pendant la vinification, le vigneron met un point d’honneur à garder le caractère vivant du vin. Les doses maximales de sulfites totales tolérées sont de 30mg/l pour les vins rouges et de 40mg/l pour les vins blancs. Malgré une absence de reconnaissance de la part des autorités compétentes, il existe une définition consensuel émise par l’Association des vins naturels.
Tous les vins naturels ne sont pas des vins sans soufre ajouté et tous les vins sans soufre ne sont pas des vins naturels.
Le marché des vins biologiques
Tous les indicateurs montrent une très forte croissance du marché des vins issus de la viticulture biologique. D’après les derniers chiffres publiés par l’Agence bio (agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture bio) le nombre d’exploitations viticoles a subi une croissance de 2 % entre 2015 et 2016 pour atteindre 5 263 viticulteurs bio. Cela représente 70 740 ha, soit 9 % du vignoble français (17 % de cette surface est en phase de conversion). La conversion vers une viticulture biologique ne se déroule pas au même rythme dans toutes les régions de France. 24 % des vignes du Languedoc-Roussillon sont cultivées en bio, soit 31 % des vignes biologiques de tout le pays.
Le vin bio est la tendance des dernières années et séduit de plus en plus les consommateurs. Malgré un prix plus élevé d’environ 40 % (9,1 € la bouteille contre 6,5 €) par rapport aux vins conventionnels, les vins biologiques sont consommés de plus belle en France par toutes les catégories socio-professionnelles. L’intérêt par les vins bio est porté en premier lieu par trois facteurs : le respect de l’environnement, la sécurité et la qualité des vins. Selon l’Agence bio, les ménages français ont dépensé 700 M€ en 2016 en achat de vins biologiques contre 503 M€ en 2013, soit une augmentation de 39 %. Ce marché représente 11 % de la consommation totale, tous les produits bio confondus, en France. La croissance à l’internationale a été elle aussi remarquable avec une hausse des ventes de +26 % entre 2014 et 2015. La France occupe actuellement la 2ème place des producteurs mondiaux des vins biologiques, derrière l’Espagne et devant l’Italie.
Les circuits de distribution des vins bio
En 2015, la France comptait avec 5 canaux de distribution impliqués dans le processus de commercialisation des vins biologiques : la vente directe avec 28 % des parts du marché, les GMS (grandes et moyennes surfaces) avec 27 %, les magasins bio avec 18 %, la RHD (restauration hors domicile) avec 15 % et finalement les cavistes avec 12 %. On peut donc constater que les vignerons bio étaient le premier circuit de distribution. Cela peut s’expliquer par le manque d’intérêt des intermédiaires et le très faible nombre de négociants spécialisés dans les vins biologiques. Cette tendance commence à s’inverser grâce au négoce sur réseau par le biais de magasins spécialisés.